Aujourd’hui, les activités sportives font partie intégrante de notre quotidien et rythment l’existence de nombreuses personnes. Outre l’intérêt porté au sport comme spectacle, sa pratique permet d’investir son énergie, d’évacuer son stress, de se dépasser soi-même et, souvent, de développer des modes de sociabilité extra-professionnels enrichissants.

Néanmoins, le sport peut devenir une addiction, conduisant quelques un.e.s à une prise de risque devenant source d’inquiétude voire d’angoisse. Tel est notamment le témoignage de l’alpiniste Christophe Moulin, qui rapporte son expérience dans son livre SoloS (éditions Michel Guérin, 2005). Celui-ci a dès lors consulté un psychanalyste, Jacques Ruff, qui évoque son parcours de suivi dans la revue La cause du désir (n°88, oct. 2014). Leurs entretiens ont permis à l’alpiniste de mieux cerner les motivations qui le poussaient vers l’extrême et de tempérer ses mises en danger. Il a également infléchi ses pratiques sportives, tout en continuant à beaucoup s’y investir, mais autrement.

La pratique sportive est parfois aussi l’occasion de mauvaises rencontres, qui conduisent à subir de la violence, du harcèlement voire des abus sexuels. Alors qu’on y avait consacré autant de temps et d’énergie, parfois même l’essentiel de sa vie, il peut être difficile de s’orienter après de tels événements. L’accueil psychanalytique conduit à mieux cerner ce qui a d’abord été vécu comme un traumatisme et une effraction, alors même que l’on était passionnément investi dans son sport.

Enfin, nul n’est à l’abri d’un accident, lié au sport lui-même ou à d’autres situations de la vie. Dans certains cas, une pratique intensive, qui organisait le quotidien, les week-ends et les vacances, et qui constituait un pilier central de l’existence du sujet, devient très compliquée, reportée à plus tard, voire impossible. C’est alors tout un équilibre qui se trouve bouleversé et remis en question. Parfois même jusqu’à mettre en danger la vie familiale ou professionnelle. Tel est ce que chacun peut aussi interroger dans les entretiens avec un psychanalyste, afin de trouver sa propre manière de faire avec ces conditions de vie nouvelles et non désirées.

Si d’un côté le traitement médical des blessures, l’apaisement des douleurs physiques et la rééducation fonctionnelle sont primordiaux, la parole est aussi essentielle pour franchir de tels caps. Contrairement à ce que l’on pense parfois, en particulier en mettant l’accent sur le « physique » dans la pratique sportive, corps et langage sont intimement liés. Un sport c’est aussi un ensemble de relations avec des proches, passés et présents, tout un vocabulaire, des symboles, des enseignements,… Cette dimension symbolique et langagière s’intègre d’ailleurs dans un dispositif plus large : famille, ami et vie professionnelle.

Parler, c’est mobiliser aussi son corps, faire vibrer une voix, ressentir des émotions et retrouver des sensations que l’on croyait perdues. Cela peut amener à mettre des mots sur ses souffrances, physiques et psychiques. Et l’on peut témoigner, pour soi-même et auprès de l’autre, de ce que l’on traverse. Ce faisant, les vécus subjectifs « prennent corps » dans la langue. Chacun peut retrouver sa manière d’habiter son corps, autrement et sans que l’issue en soit prédictible.

Pour parler de ces questions, si vous voulez rencontrer un psychanalyste et que vous habitez Lyon, Villeurbanne, ou l’agglomération lyonnaise, vous pouvez prendre contact avec moi en vous reportant à cette page.

Nicolas Jouvenceau